samedi 24 octobre 2009

La Promenade au phare



Couverture de l’édition de 2009

Après La Chambre de Jacob en 1922, puis Mrs Dalloway en 1925, La Promenade au Phare publié en 1927 par la Hogarth Press, complète magnifiquement la trilogie magique des romans « modernistes » de Virginia Woolf.
C’est celui qui a reçu l’accueil le plus triomphal de la part de la critique anglaise et américaine. Il sera également plébiscité par les lecteurs puisque les ventes de la première année dépasseront le total atteint par La Chambre de Jacob et Mrs Dalloway.


Un livre qui comme les précédents, ne s’embarrasse pas trop des conventions du genre romanesque et qui comme le souligne très judicieusement Françoise Pellan dans sa préface à l’édition française de 1996, emprunte « à l’art pictural le principe de sa composition, elle se présente sous la forme d’un triptyque. Le premier volet baigne dans la chaude lumière d’un soir de septembre, quelques années avant la guerre de 14-18. Le panneau central a la couleur des nuits de tempête zébrées d’éclairs. Le second volet doit sa lumière crue au soleil d’un matin d’été, juste après la guerre. »



- La 1ère traduction en français de To the Lighthouse par M. Lanoire sera éditée par Stock en 1929, sous le titre « La Promenade au phare » Cette même traduction sera reprise dans le 1er tome de L’œuvre romanesque publiée par Stock en 1973, avec une remarquable préface de Monique Nathan.
Cette même version avait fait l’objet en 1957 d’une édition limitée à 3300 exemplaires numérotés dans la collection Stock reliée. L’artiste Jeanne Pécheur a orné la reliure et les gardes des ses dessins (superbes !), d’un document photographique Roger Viollet et d’un portrait inédit de Virginia Woolf par Gisèle Freund. J’ai eu la chance de me procurer l’exemplaire n° 1593…

- La deuxième traduction de To the Lighthouse, sous le titre de « Voyage au Phare » sera l’œuvre de Magali Merle en 1993 pour le recueil « Romans & Nouvelles » publié dans la collection Pochothèque du Livre de Poche, avec une préface de Pierre Nordon

- La troisième traduction en français, sous le titre « Vers le Phare » sera l’œuvre de Françoise Pellan qui rédigera également la préface du livre publié en 1996, dans la collection Folio classique chez Gallimard.

- La toute dernière version de 2009, sous le titre « Au Phare » bénéficie d’une nouvelle traduction d’Anne Wicke, dans la merveilleuse collection La Cosmopolite chez Stock.


Un livre qui est une chronique du temps qui passe sur une maison de vacances située sur une île au large de l’Ecosse.

Dans la première partie, la plus conséquente qui est intitulée « La Fenêtre », la maison est habitée par beaucoup de résidents où on reconnait facilement les nombreux parents de Virginia et leurs amis qui comme Henry James les visitait pendant les vacances à Saint Yves. Toute cette partie est irradiée par la grâce de Mrs Ramsay qui est animéee du même rayonnement qui émanait de Julia Stephen la mère de Virginia.

Dans la deuxième partie, très courte, « Le Temps passe » Mrs Ramsay n’est plus là, partie trop tôt comme la mère de Virginia, la guerre est passée par là, la maison est à l’abandon, livrée à la force de la nature.

Et enfin dans la troisième et dernière partie intitulée « Le Phare » On retrouve Mr Ramsay, le père toujours aussi admirable et insupportable avec son égoïsme supérieur et son inaltérable besoin d’être aimé et reconnu.

La Promenade au Phare, pour reprendre le titre de la traduction initiale (ma préférée, même si la dernière est très bien !) est à la fois le roman le plus autobiographique de Virginia Woolf, celui qui lui a apporté le plus grand succès et qui a été couronné par le prix Femina en 1928, et aussi son préféré. Elle le considérait comme le meilleur de ses livres, plus cohérent que La Chambre de Jacob et moins superficiel que Mrs Dalloway.

Cette Promenade dans le temps jusqu’au Phare, avec sa décomposition temporelle et la dépersonnalisation du personnage principal Mrs Ramsay qui apparait parfois comme une sorte de médium révélant les grands thèmes de l’œuvre Woolfienne : la vie, l’amour, le chaos, la fuite du temps, l’absence et la mort, est une œuvre majeure qui annonce les futures créations de Virginia et notamment « Les Vagues »



Pour finir je dirai juste un mot des éditions anglaises qui, même en format de poche, sont très soignées et fort peu couteuses. Par exemple l’édition de 1996 de To the Lighthouse dans la collection Popular Classics de Penguin Books qui reprend la version intégrale du texte de 1927 est illustrée par la reproduction d’un très joli tableau de Dame Laura Knight qui a pour titre : Evening on the Beach


Vendredi 23 octobre 2009