samedi 22 novembre 2008

Trois guinées


Couverture illustrée par la sœur de Virginia, Vanessa Bell, de l’édition de Three Guineas par la Hogarth Press en 1938




Three Guineas a été publié en 1938

par la Hogarth Press, la maison d’édition

de Léonard et Virginia.

Je connais une seule traduction,

effectuée par Viviane Forrester pour

les éditions « des femmes » en 1977.



Il a donc fallu attendre 39 ans pour

assister à la publication en français

d’un ouvrage qui avait fait scandale,

en Angleterre, tellement la révolte de

Virginia était ardente.



C’est un joli livre, au format curieux,

presque carré. La couverture est illustrée d’une

très belle photo de Virginia tirée du

« Virginia Woolf » de Quentin Bell.



La même version de Three Guineas a été

publiée en 2002, en format de poche,

dans la collection « Bibliothèques 10/18 ».

Les deux éditions comprennent la préface

de Viviane Forrester intitulée pompeusement

« L’autre corps » et qui n’apporte rien au texte

de la Génite.



Trois Guinées est une œuvre émouvante. Car c’est

l’avant, avant dernier ouvrage de Virginia qui paraitra

avant sa mort en 1941. En 1938, le fascisme se déchaine

et le nazisme avance irrésistiblement.



Dans cet essai, Virginia démontre la responsabilité

d’un système patriarcal qu’elle dénonce avec violence

pour sa nullité, son hypocrisie et sa servilité.

Virginia dénonce avec un acharnement très documenté



l’oppression des femmes qui conduit la société à sa perte.

Parfois la démonstration est un peu lourde et les notes

abondantes ne favorisent pas la fluidité de la lecture.



Cependant, même bouleversée comme elle pouvait l’être

par l’évolution du monde, Virginia gardait toujours,

une certaine distance et possédait un sens incomparable

de la dérision.



Pour toutes ces raisons, Trois Guinées est un contrepoint

précieux de l’œuvre romanesque de Madame Woolf.




Samedi 22 novembre 2008

lundi 3 novembre 2008

Virginia Woolf en 2008




Soixante sept ans après sa disparition,

Virginia continue d’être éditée et il me semble

que l’année 2008 a été particulièrement riche à cet égard.


En février, les éditions Payot & Rivages publiaient

dans la collection « Rivages poche / Petite Bibliothèque »

« L écrivain et la vie » un recueil d’articles et d’essais

écrits par Virginia Woolf.

C’est le même mois que les éditions Stock ressortent

une magnifique édition de « La chambre de Jacob ».



En avril nous avons eu droit à la superbe réédition

du Journal d’adolescence (1897-1909) et du

Journal intégral (1897-1909) dans la collection

« La Cosmopolite » aux éditions Stock.



En mai, une très jolie édition des Vagues illustrée

par un tableau de Turner chez Christian Bourgois.


Enfin, une parution initialement prévue le 14 juillet

puis reportée en Aout et finalement en Septembre :

« Comment lire un livre » aux éditions de L’Arche,

publiée curieusement sans préface, ni présentation,

comme une simple traduction de « The Common Reader »

La table des matières étant entièrement différente

du « Commun des lecteurs » déjà publié par les éditions

de l’Arche en 2004, j’en déduis qu’il s’agit du

« lecteur ordinaire, secondes séries ».


Deux nouveaux essais sur Virginia sont également

apparus cette année :


« Virginia Woolf – Identité, Politique, Ecriture », par

Françoise Duroux aux Editions Indigo et Côté-femmes.


« Virginia Woolf et les écritures du moi : le journal et

l’autobiographie » par Frédérique Amselle, édité par

l’Université Paul Valéry dans la Collection Present Perfect.



Dans les nouveautés à venir, nous devrions bientôt

voir apparaitre la réédition très attendue de L’Art du roman

qui est épuisé depuis bien longtemps.


Et pour finir, les éditions Gallimard sont en train de préparer

une édition des œuvres complètes de Virginia dans la

prestigieuse collection « La pléiade », donc on peut s’attendre

encore à des nouveautés pour la fin 2008 et l’année 2009.



Lundi 3 novembre 2008

samedi 1 novembre 2008

La chambre de Jacob

Couverture de la nouvelle édition parue en février 2008


Je viens de relire La chambre de Jacob,

dans sa magnifique édition 2008 de la collection

« La Cosmopolite » aux éditions Stock.


Ce sont 280 pages de bonheur tant l’écriture de Virginia

est un enchantement, une sorte d’envoutement poétique

et pourtant le thème principal du livre est

fondamentalement dramatique : l’absence.


Virginia évoque la mort sans en parler.

la Première Guerre mondiale constitue la toile de fond

tragique d’une recherche, d’une reconstitution désespérée.

Une mère survivante et son fils qui est parti.


Virginia avait été sérieusement ébranlée

par la perte soudaine de Thoby, son jeune frère,

mort très jeune, en 1906, d’une typhoïde.

C’est ce manque là qu’elle exprime,

qu’elle montre à travers les larmes silencieuses

de Betty Flanders.


La chambre de Jacob est marquée du chiffre Trois.


C’est le troisième roman de Virginia Woolf,

après The Voyage out et Nuit et jour.


Elle le publiera en 1922, trois ans après Night and day

en 1919 et trois ans avant Mrs Dalloway qui sortira

en 1925.


Et enfin, à ma connaissance, c’est le seul roman

de Mrs Woolf qui a eu l’honneur de

trois traductions différentes en français :


L’édition de 1942 chez Stock était une traduction

de Jean Talva.

C’est la version qui figure dans le premier tome de

L’Œuvre Romanesque édité par Stock, en 1973,

avec une présentation de Max-Pol Fouchet

et une préface de Diane de Margerie.


C’est Magali Merle qui avait traduit l’édition de 1993

par la Librairie Générale Française.

Cette deuxième traduction a fait l’objet d’une réédition

en 2005 dans la collection « biblio » du Livre de Poche,

avec en couverture un très beau tableau d’Harry Watson

intitulé :

« Homme assis sur un rocher et fumant la pipe »


Et c’est Agnès Desarthe, une éminente spécialiste

Woolfienne qui a traduit l’édition de 2008 chez Stock.


La chambre de Jacob est une œuvre étrange,

comme une inspiration surréaliste

interprétée par un pinceau impressionniste.

C’est un récit, une situation qui est d’une délicatesse

exceptionnelle comme si la plume de Virginia

en les effleurant n’avait fait que caresser les feuilles.



Cet ouvrage, publié en 1922 comme l’Ulysse de Joyce,

est le premier grand roman expérimental de Virginia Woolf,

notamment par le morcèlement du récit et par une

composition extrêmement novatrice.


Encore !


Dimanche 19 octobre 2008

Le journal de Hyde Park Gate



Cet ouvrage publié pour la première fois, en France,

le 12 octobre 2006, dans la collection bibliothèque étrangère

au Mercure de France est très émouvant.


En effet, depuis très longtemps on connaissait « Le journal »

de Virginia Woolf, édité sous différentes versions, depuis

son adolescence jusqu’à la dernière année de sa vie.


Là, pour la première fois, on découvre les jeux d’écriture

partagés par trois des enfants Stephen, âgés alors de dix

à treize ans : Thoby, Vanessa et Virginia.


Le Journal des enfants qui paraissait tous les mardis constitue

la chronique d’une vie de famille à Londres, de 1891 à 1895.


C’est un livre très intéressant à lire et à regarder

car il comporte des dessins des enfants, de très belles photos

et la reproduction de pages manuscrites du Journal.


On croyait tout connaitre de la Woolfette mais ce Journal d’enfance

qui dormait tranquillement à la British Library à Londres,

a été trouvé par hasard par une jeune universitaire anglaise,

Gill Lowe, tandis qu’elle faisait des recherches pour une thèse

sur Julia Stephen, la mamma de Virginia, à l’université d’East Anglia.


C’est d’ailleurs à la mort de leur mère que les enfants Stephen

arrêtèrent d’écrire le journal.

C’étaient des enfants doués qui comme les quatre précoces Brontë,

écrivaient pour s’amuser.


Le journal est paru en 2005 en Angleterre sous le titre :

Hyde Park Gate News, avec une introduction et des notes

rédigées par Gill Lowe.


Deux grandes spécialistes de l’œuvre de la Woolfette

ont également participé à cette édition, Hermione Lee

pour la préface et Anne Rabinovitch pour la traduction.


Une vraie réussite éditoriale.



Dimanche 12 octobre 2008