lundi 15 septembre 2014

Elles


                                       Couverture de l’édition imprimée en août 2012


Elles est un sympathique petit ouvrage publié en septembre 2012
par Rivages poche dans la collection Petite Bibliothèque. Il s’agit
d’une collection de portraits de femmes réalisés sous forme de
courts essais par Virginia Woolf au fil des années et des articles
qu’elle écrivait.

Les six textes présentés dans ce recueil sont :
- Les lettres de Dorothy Osborne ;
- Mary Wollstonecraft ;
- Dorothy Wordsworth ;
- Geraldine et Jane ;
- Sara Coleridge ;
- Madame de Sévigné.

Virginia avait déjà rassemblé les quatre premiers essais dans The
Common Reader : Second Series, paru en 1932 et publié en français
en 2008, aux éditions L’Arche, sous le titre Comment lire un livre ?

- Les lettres de Dorothy Osborne reprend l’article de Virginia : Letters
of Dorothy Osborne to William Temple paru en octobre 1928 dans le
New Republic puis dans le Times Literary Supplement. Dorothy
Osborne est née en 1627 à Chicksands dans le Bedfordshire,
dans une grande famille noble. Après avoir refusé une longue série
de prétendants, Dorothy Osborne épousera en 1654 Sir William
Temple, l’homme qu’elle aimait depuis 1647 et qui lui fit une cour
clandestine de longue haleine et en grande partie épistolaire.  C'est
pour ses lettres à Temple, qui étaient pleines d'esprit, d’engagement
et de résistance à la pression sociale que le souvenir de Dorothy
Osborne est toujours vivace. 77 de ses lettres sont conservées à la
British Library.


- Mary Wollstonecraft : cet essai paru en octobre 1929 dans Nation &
Athenaeum puis dans le New York Herald Tribune.
Mary Wollstonecraft, née le 27 avril 1759 à Londres et morte le 10
septembre 1797, est une femme de lettres et une fameuse féministe
anglaise. Au cours de sa brève carrière, elle écrit des romans, des
traités, un récit de voyage, une histoire de la Révolution française et
un livre pour enfants. Elle est surtout connue pour l'ouvrage :
Défense des droits de la femme qui est un violent pamphlet contre la
société patriarcale de l’époque. Mary Wollstonecraft fut très attirée
par les idées de la Révolution française et sa vie sentimentale fut
relativement libre. Après différentes aventures, elle épousera le
philosophe William Godwin, un des fondateurs du mouvement
anarchiste. Elle mourra à l'âge de trente-huit ans, dix jours après la
naissance de sa deuxième fille qui deviendra célèbre sous le nom de
Mary Shelley.

- Dorothy Wordsworth ; cet essai paru en octobre 1929 dans Nation
& Athenaeum puis dans le New York Herald Tribune, une semaine
après l’essai consacré à Mary Wollstonecraft.
Dorothy Wordsworth  est née le 25 Décembre 1771 à Cockermouth,
dans le Cumberland en 1771. Elle était la sœur du poète William
Wordsworth et tous les deux furent inséparables toute leur vie.
Dorothy Wordsworth qui avait un grand sens de l’observation
naturaliste n'avait pas l’ambition d'être un auteur. Ses écrits se
composent d'une série de lettres, d’entrées de journal, de poèmes et
de nouvelles.

- Geraldine et Jane ; Cet essai reprend l’article de Virginia consacré
à Geraldine Endsor Jewsbury paru en février 1929 dans le Times
Literary Supplement puis dans la revue The Bookman à New York.
Geraldine Endsor Jewsbury est née en 1812 à Measham, dans le
Derbyshire. Férue de journalisme, Geraldine est surtout connue pour
ses romans populaires tels que Zoe : l'histoire de deux vies et ses
critiques pour le magazine littéraire Athenaeum.  Elle ne s’est jamais
mariée mais elle avait beaucoup d'amis et de connaissances. Elle a
entretenu une relation extrêmement étroite avec Jane Carlyle, une
remarquable épistolière et femme d’esprit mariée à l’essayiste
Thomas Carlyle. Geraldine se sentait très attirée par Jane et la
complexité de leur relation se reflète dans la correspondance de
Geraldine Endsor Jewsbury.

Les deux derniers textes de ce recueil ont été publiés à titre
posthume, en 1942, par la Hogarth Press dans le recueil The Death
of the Moth and Other Essays mais ils n’ont pas été repris dans
l’édition française « La mort de la phalène » en 1968. Ces deux
derniers essais sont donc inédits en français.

- Sara Coleridge ; L'essai sur Sara Coleridge, fut écrit en Septembre
1940, pendant les accalmies entre les vagues de bombardement
allemand sur le Sussex. Sara Coleridge, née le 23 Décembre
1802 à Keswick dans le Cumberland était traductrice et auteur de
contes.  Elle était surtout  la seule fille du poète Samuel Taylor
Coleridge et à ce titre elle consacra une partie de sa vie à la tâche
épuisante de l'édition des œuvres de son père. Sara Coleridge est
morte à Londres le 3 mai 1852. En hommage à Sara, sa fille
publiera en 1873, Mémoires et lettres de Sara Coleridge. 
Les lettres montrent un esprit cultivé et contiennent de nombreuses
critiques d’ouvrages et d’auteurs connus comme Wordsworth et les
poètes du lac.

- Madame de Sévigné : Marie de Rabutin-Chantal, épouse Sévigné,
dite la marquise de Sévigné, née le 5 février 1626 à Paris, est une
femme de lettres, célébrée en son temps comme femme
d'esprit mais non comme épistolière hors du commun, c'est dans
sa correspondance avec sa fille que Madame de Sévigné offre
l'exemple d'une œuvre involontaire : l'important pour elle était de
rester en relation avec sa fille vivant en Provence.
La correspondance de Mme de Sévigné avec sa fille, Françoise-
Marguerite de Sévigné, comtesse de Grignan, s’effectua à peu près
pendant vingt-cinq ans au rythme de deux ou trois lettres par semaine.
Les lettres de Mme de Sévigné firent  l’objet d’éditions successives
en 1725, en 1734, puis en 1754. On connait aujourd’hui 1 120
lettres de Madame de Sévigné mais certaines ont été remaniées
ultérieurement et d’autres détruites…


Virginia Woolf dresse un portrait très amical et compréhensif de ces
femmes qui ont eu le courage de s’engager dans la vie et dans les
mots. Elle parle notamment avec beaucoup de chaleur de
l’enthousiasme inaltérable de Geraldine Endsor Jewsbury qui semble
la plus éloignée des hauteurs de Virginia mais dont elle fait revivre
les passions avec la juste couleur de l’émotion.

Merci Virginia, c’est un régal !


Samedi 13 septembre 2014